Et surtout, comme l’auteur l’a souligné quelque part, Conrad était un homme politique. Il aimait contempler l'humanité se libérant de la confusion des partis ou des alliances. Jusqu'à ce que soudain un brin cède, une position se clarifie, un ministère se consolide, une dynastie émerge. Il était, en fait, un étudiant en politique, sans règles, sans dogme et, en tant que papiste, profondément incrédule dans la perfection des institutions humaines. L'auteur n'a jamais vu Conrad lire un livre de mémoires autres que ceux de Maxime Ducamp et la correspondance de Flaubert ; ceux que nous lisons ensemble chaque jour pendant des années. Mais à un moment donné dans le passé, Conrad avait lu tous les volumes imaginables et inimaginables de mémoires d'hommes politiques, Mme de Campan, le duc d'Audiffret Pasquier, Benjamin Constant, Karoline Bauer, Sir Horace Rumbold, Napoléon le Grand, Napoléon III, Benjamin Franklin, Assheton Smith, Pitt, Chatham, Palmerston, Parnell, feu la reine Victoria, Dilke, Morley… Il n'avait aucun souvenir de quoi que ce soit qu'il avait manqué ou oublié – à l'exception de Le Principe ou les lettres de Thomas Cromwell. Il pourrait soudainement évoquer un incident de la vie de Lord Shaftesbury et le traiter. Nostromo: C'était l'histoire politique d'une république sud-américaine imaginaire. C'était un des secrets de sa grandeur.
Mais il n’avait certainement pas de recette. Les révolutions ont toujours été pour lui un anathème, comme il le déclarait : tous Les révolutions ont toujours été et ne doivent être en fin de compte que des intrigues de palais : des intrigues soit pour le pouvoir au sein d’un palais, soit pour l’occupation d’un palais. Le bar des journalistes du Palais du Luxembourg, qui abrite aujourd'hui le Sénat de la Troisième République, était autrefois la chambre de Marie de Médicis. Cela ne veut pas dire que Conrad souhaitait activement le rétablissement des Bourbons : il aurait préféré que les journalistes y restent.[Pg 60] Ils étaient plus susceptibles de croire qu’il s’agissait d’une révolution. Toutes les révolutions sont une interruption des processus de pensée et la découverte d'une nouvelle forme… pour le roman.
Le petit livre, en ligne et gratuit, est toujours intéressant. Ford connaissait bien Conrad et avait une haute opinion de lui.
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