Au début du mois dernier, environ 70 000 manifestants se sont rassemblés pour manifester contre l’antisémitisme. Le grand rabbin Ephraim Mirvis a mis en garde lors du rassemblement contre une « explosion » de haine antisémite à travers le Royaume-Uni. “Vous l'entendrez”, dit-il. “Vous le sentirez. “Grande-Bretagne, réveillez-vous maintenant.” Après l'attaque d'une synagogue à Manchester ce mois-ci et les marches “pro-palestiniennes” de plus en plus toxiques dans le centre de Londres, les paroles de Mirvis semblent sinistrement prophétiques.
Mais il y avait aussi de l’espoir dans la marche contre l’antisémitisme. De nombreux participants ont brandi non seulement le drapeau israélien, mais aussi les drapeaux de l'Union. Ils ont protesté contre l’antisémitisme, mais ont également affirmé les similitudes que les Britanniques ont en commun. C’était la preuve de l’importance continue des valeurs civiques.
Cela est devenu clair lors du rassemblement final. Sur scène, Gideon Falter, l'un des organisateurs, a rappelé aux participants que le drapeau de l'Union symbolise des principes que la communauté juive valorise et soutient depuis longtemps, à savoir la protection des droits naturels, la défense de la liberté d'expression et le respect de l'État de droit. Ce sont les valeurs qui méritent d’être défendues par la Grande-Bretagne, a-t-il déclaré.
Le discours de Falter était un rappel indispensable que le nationalisme civique est loin d’être « source de division » ou « exclusif », mais plutôt une force unificatrice qui rassemble les gens. En effet, la vue d'une foule aussi nombreuse agitant fièrement ses drapeaux le 7 septembre a montré que les symboles nationaux ont toujours le pouvoir d'incarner l'unité – en particulier lorsqu'ils sont liés à la défense de la liberté, de l'égalité et de la justice.
Cela reflète les idées du philosophe des Lumières Jean-Jacques Rousseau, qui soutenait dans Le contrat social que la véritable démocratie exige que les citoyens s’engagent envers la « volonté générale », c’est-à-dire qu’ils s’engagent envers des principes civiques partagés qui transcendent les intérêts personnels étroits. Pour Rousseau, une nation ne reposait pas sur le sang ou l’héritage, mais sur l’engagement volontaire d’individus libres et rationnels envers des lois et des valeurs communes. Par conséquent, préserver le nationalisme civique n’est pas un repli vers le passé, mais une affirmation de la démocratie elle-même : un rappel que la santé de la nation dépend de la reconnaissance par son peuple de sa responsabilité collective.
Aux États-Unis, les conservateurs soulignent souvent l’importance de la Déclaration des droits, qui protège la liberté individuelle contre l’ingérence du gouvernement. En Grande-Bretagne, nous ferions bien d’adopter une forme de nationalisme à la fois libérale et conservatrice – une forme qui rétablisse la confiance dans notre identité et ancre notre vie politique dans des libertés partagées.
Le nationalisme civique est différent du nationalisme ethnique ou tribal. Il ne s’agit pas d’appartenance à une race, à une religion ou à une ascendance, mais d’un engagement partagé envers les principes démocratiques. Il insiste sur le fait que chacun, quelle que soit son origine, peut être un membre à part entière de la communauté nationale s’il souscrit à ses règles et à sa culture. Cette idée est l’une des traditions politiques les plus réussies de l’Occident moderne. Elle a été à l’origine des révolutions américaine et française, du règlement de l’après-guerre en Europe et de la résilience des démocraties libérales pendant la guerre froide.
Mais au cours des dernières décennies, le nationalisme bourgeois s’est érodé. Dans certains milieux progressistes, l’idée même de fierté nationale est devenue suspecte et associée à des préjugés raciaux ou à la xénophobie. Pendant ce temps, une droite antilibérale offre des formes d’appartenance plus étroites, souvent centrées sur l’appartenance ethnique ou le ressentiment. Ces deux tendances compromettent la possibilité d’une identité civique capable de consolider des populations diverses autour d’idéaux et de parentés partagés.
L’urgence de restaurer le nationalisme civique découle aujourd’hui de l’état fragile de nos traditions libérales. La liberté d'expression est de plus en plus remise en question, car les universités, les lieux de travail et les institutions gouvernementales restreignent régulièrement la liberté d'expression plutôt que de la défendre. Lorsque les juges de l’immigration contournent les institutions juridiques pour servir des objectifs mondialistes, ou lorsque la dissidence publique est réprimée par des pouvoirs policiers étendus, l’État de droit s’effondre.
Si ces tendances se poursuivent, le ciment qui unit notre société se désintégrera. Ce qui restera sera soit un vide d’apathie, soit une multitude de griefs identitaires fragmentés. Le nationalisme civique n’est donc pas un vague souhait nostalgique. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons préserver les conditions dans lesquelles les sociétés pluralistes peuvent prospérer.
En revanche, la gauche a une tendance erronée à réduire la citoyenneté à des revendications économiques partagées. Les gauchistes supposent que la seule chose qui nous unit est la frustration face à la médiocrité des services, à la stagnation des salaires ou au manque d’opportunités. Il transforme les classes populaires de citoyens participant à un projet civique en résidentsdéfinis par leurs besoins et leur dépendance à l’égard de l’État. L’idée de citoyenneté nationale est complètement mise à mal.
Bien entendu, la justice économique est importante. Mais sans identité civique, elle ne constitue pas le fondement de la vie nationale. Ce qui soutient la cohésion nationale est la conviction que nous sommes tous des acteurs actifs ayant la responsabilité mutuelle de protéger nos valeurs civiques communes. Ce ne sont pas seulement les liens qui donnent du sens aux individus, mais aussi ceux qui protègent les sociétés contre les alternatives antilibérales.
Le drapeau de l’Union ne doit pas nécessairement être un totem réactionnaire du « mauvais vieux temps ». Il est également accessible à tous les citoyens impliqués dans la vie civique de la nation. Cela nous a été rappelé le mois dernier lorsque nous avons vu la communauté juive l'agiter si fièrement. Pour les Juifs britanniques, le drapeau ne représente pas le chauvinisme, mais plutôt la solidarité. La marche était une démonstration exemplaire des deux côtés d’une communauté saine : à la fois la fierté qui découle de l’affichage de symboles nationaux et l’engagement envers les libertés que ces symboles représentent.
Neil Davenport est un auteur basé à Londres.
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