Cet article fournit la preuve d’une continuité institutionnelle entre la mafia sicilienne du « vieux monde » et la mafia américaine. Nous examinons la migration vers les États-Unis des mafieux expulsés de Sicile dans les années 1920 à la suite de la répression fasciste menée par Cesare Mori, surnommé « Préfet de fer ». À l’aide de documents administratifs historiques américains et de rapports du FBI datant de plusieurs décennies plus tard, nous apportons la preuve que des mafiosi déplacés se sont installés dans des enclaves d’immigrants siciliens préexistantes, contribuant ainsi à la montée de la Cosa Nostra (LCN) américaine. Notre analyse montre qu’une proportion significative des futurs dirigeants de la mafia aux États-Unis sont issus de quartiers habités par des communautés d’immigrés provenant des 32 municipalités siciliennes ciblées par des raids fascistes anti-mafia des décennies plus tôt. Les futures activités mafieuses seront également concentrées de manière disproportionnée dans ces quartiers. Nous examinons ensuite l'impact socioéconomique du crime organisé sur ces communautés. À court terme, nous assistons à une augmentation de la violence dans les quartiers voisins, à des taux d’incarcération plus élevés et à des pratiques redlinantes qui limitent l’accès au secteur financier formel. Cependant, sur le long terme, ces mêmes quartiers ont affiché des niveaux d’éducation, d’emploi et de mobilité sociale plus élevés, remettant en question les discours dominants sur les effets purement néfastes du crime organisé. Nos résultats contribuent aux débats sur la persistance des organisations criminelles et leurs conséquences économiques et sociales plus larges.

Il s'agit d'un nouvel article issu des travaux de Zachary Porreca, Paolo Pinotti et Masismo Anelli, dont voici le résumé en ligne.


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